samedi 9 novembre 2013

Mon programme de Novembre

Novembre:


 The Old Woman, par Robert Wilson,  avec Willem Defoe et M. Baryschnikov
au Théâtre de la ville (Festival d'automne) jusqu'au 23 novembre


 Lecture on Nothing, avec Robert Wilson, d'après John Cage,
à l'auditorium du Louvre du 11 au 14 novembre.


 
Queue de Poissonne, de Laurie Cannac et Ilka Schönbein.
Au Grand Parquet, du 18 octobre au 3 novembre.



In a World full of Butterflies, de Robyn Orlin,
au Théâtre de la Bastille (Festival d'Automne)


 L'avare, de Ivo Van Hove,
à la MAC Créteil, le 7 et 9 + 14 et 16 novembre.


Todo El Cielo sobre (...), d'Angelica Liddell,
à l'Odéon (Festival d'Automne)




Suite n°1 "ABC", de Joris Lacoste. 
(création de l'Encyclopédie de la Parole).
du 19 au 23 Novembre.

Vive la crise, d'Alexandre Kellatos
Mardi-mercredi 21h30 jusqu'au 29 janvier 2014.

Critique. "Le Cabinet de curiosités" par la Cie KAMMA

Le Cabinet de Curiosités
Texte de Fabrice Melquiot,
 Dans une création de la Cie Kamma (Voir ici leur site)

 Mise en scène de Solène CORNU,
Avec Margherita BERTOLI, Fanny GARIN, Karine PEDURAND, Jonathan PUJOL.

"Une loge, quatre comédiens…mais pas assez de papier toilette!"
Pour une nouvelle fois qui devient finalement coutume, entre des textes sur des Kentridge, des Bobée, bientôt des Wilson et Régy, c'est la création d'une toute jeune compagnie sur laquelle j'ai cette fois envie de partager un regard tout aussi attentif . Ah! Les nouvelles générations, les jeunes compagnies, les artistes et techniciens pas-tous intermittents encore, comment aborder l'exercice de la critique quand on pourrait très bien être à leur place?
Eh bien je ne le sais pas encore, mais j'ai envie de tenter quand même, et de vous livrer aujourd'hui (avec retard, mille excuses!) un aperçu de ce que l'on peut découvrir du côté de ces jeunes spectacles, avec une des créations de la Cie KAMMA: Le Cabinet de curiosités, vu pour ma part au théâtre de Ménilmontant, à Paris, le 29 octobre dernier.

Le Pitch?
Nous voilà face à quatre comédiens dans leur loge, tordus par le trac à vingt minutes de monter en scène jouer Bérénice. Pour tenter de se débarrasser de ce stress tord-boyaux ou au moins l'oublier un instant, entre deux sprints vers les toilettes, ils s'échappent ensemble dans l'improvisation (fictive) d'un monde imaginaire et absurde où évolue H. l'anti-héros que s'invente régulièrement l'une des comédiennes quand elle va au cabinet (de toilettes)!

Nous sommes alors accueillis dans la salle par la présence des comédiens, jouant les comédiens qui se préparent à jouer Bérénice (ça va vous suivez?). Et bien vite, à partir du théâtre dans le théâtre de cette situation de départ, le texte et la mise en scène nous conduisent vers d'autres mises en abime et effets jouant avec délice des règles du théâtre. Car dans cette loge, les fictions et les réalités se télescopent et se succèdent: la loge devient une machine théâtrale où il suffit de dire, d'inventer, pour faire exister. H. le fameux personnage né du cabinet et du stress, "existe" donc devant nos yeux par les truchements de ses quatre auteurs-acteurs qui écrivent son histoire autant qu'ils lui donnent corps et réalité.  

Après avoir assisté à un spectacle de véritable improvisation dans la même salle quelques semaines plus tôt (cf. critique de Theatresports), voir un spectacle prétendant l'improvisation d'une troupe dans une fiction écrite (par Fabrice Melquiot) m'a beaucoup interpelée et intéressée.
Il m'a toutefois fallu d'abord m'habituer à l'écriture de Melquiot: autant la présence initiale des comédiens sur scène avant que ne soit véritablement lancée la fiction fonctionne bien et m'a fait entrer avec eux dans cette loge, autant le texte m'a remise à distance, ne parvenant pas à me faire qu'on est encore "avant la pièce", les comédiens devenant déjà "personnages" à part entière. Je m'attendais sûrement à une scène plus naturaliste, réaliste, comme j'ai pu justement en voir dans de vraies loges avant spectacle. Que je n'ai pas retrouvé d'emblée.
Mais, à l'entrée en jeu de H., la fiction bascule et nous embarque pour de bon. On entre dans une autre dimension, dans laquelle les quatre comédiens -personnages comme réels- nous proposent un certain nombres de morceaux de bravoure en matière d'interprétation. A eux quatre, armés de leurs talents et styles d'interprétation respectifs, cette fausse improvisation de l'histoire de H., absurde et savoureuse, prend vie sous nos yeux. On partage alors avec connivence leur plaisir de la jouer et de mettre à vue le mécanisme d'invention théâtrale de ce personnage et de son histoire au moyen d'outils de langage, de jeu et de seuls accessoires à disposition dans leur loge.

L'annonce régulière du compte à rebours avant leur entrée en scène pour Bérénice, par une voix depuis la salle, les rappelle eux à leur trac (et à l'appel des toilettes) et nous à la première couche de la fiction: la loge. L'histoire de H. rebondit alors, s'accélère, s'imbibe des angoisses des comédiens pour les en délivrer encore et encore (à chaque nouvelle annonce du temps qu'il reste avant Bérénice). Il retrouve son rôle d'éponge à trac. Progressivement, entre deux interprétations délurées de H., ou des personnages incroyables l'environnant, chaque comédien s'est costumé pour son rôle imminent et classique. Le rôle à venir, le rôle dans la pièce, le rôle dans l'impro. H. joue le personnage-relai entre le comédien sous trac et le personnage tragique qui l'attend.

Les bons interprètes et les différentes notions de fiction dans la mise en abime comprises par la mise en scène font de cette création de la jeune compagnie KAMMA un objet qui tient ses promesses et nous font passer un bon moment de théâtre.


Voir Le Cabinet de Curiosité:

Les 22 et 29 novembre et le 06 décembre. Plus d'informations ici. 
ABC Théâtre -  14 rue de Thionville-Métro Laumière/Ourq/Crimée - PARIS 19ème

Critique. "Theatresports" par Again ! Production, au Théâtre de Ménilmontant.

Théâtresports,
Selon Keith Johnstone.
 Par Again ! Productions,
Mise en scène Ian Parizot,
avec Emmanuel De Chavigny, Julie Esquenazi, Antoine Gaudin, Matthieu Laissy, Katia Leklou, Joris Morio, Cécile Sablou, Alexandre Visat, Meng Wang, Pauline Watine, Nikolas Wingerter, Maud Balde.

"La scène est leur ring, le théâtre est leur sport"

L'improvisation, ou l'art de rendre les ressources d'un spectacle inépuisables?

En effet, comment épuiser un spectacle dont la source et le canevas sont l'énergie, le talent et la créativité débordante de ses acteurs? Devant Theatresports, de Again ! Productions*, compagnie amateure d'improvisation, je suis tentée de répondre qu'on ne le peut pas. Précisions, et cela a son importance, que Again ! Productions est une association qui travaille selon une méthode d'improvisation bien précise: celle de Keith Johnstone (pour la découvrir, par ici).

Et le dimanche 13 octobre, j'assistais en parfaite novice du genre, de ses "règles" et de ses méthodes  à mon premier "spectacle" d'impro, curieuse de voir comment se construisait un spectacle qui n'est ni écrit, ni fixé avant d'être joué. Enfin, pas fixé, ce n'est pas complètement vrai (d'ailleurs, il y a bien un metteur en scène désigné sur le spectacle: Ian Parizot)...

Dès notre entrée dans la salle, l'accueil est pris en charge par deux groupes de trois comédiens, futurs combattants sur le "ring" de la scène, qui cherchent chacun à rallier des spectateurs à leur "cause". Ainsi ce 13 octobre, les "BHL" d'un côté et les "sauveurs de l'humanité" de l'autre sont respectivement en campagne auprès du public. Passée cette haie d'honneur, et à peine installé, un commentateur prend le relais et implique le public dans des minis-jeux nous incitant à se tourner brièvement vers nos voisins. Une bonne manière d'initier la future interaction du public avec le cours du spectacle. Puis démarre le spectacle qui s'articule autour de trois temps déterminés par des modalités de jeu distinctes: 1. Les coulisses de l'impro, 2. Le match (deux troupes de trois comédiens s'affrontent, les points sont compter, les coups bas pénalisés!) et 3. L'affrontement des metteurs en scène. Le tout a lieu devant, bien sûr, un public sollicité, invité à soutenir -ou pas- son groupe préféré ou les propositions successives des improvisateurs par ses applaudissements. La première partie, introductive, donne lieu à des exercices d'impro expliqués au public, puis vient le tant attendu match arbitré par deux (au moins) juges-improvisateurs que l'on adore huer, et qui attribuent les points (notés sur un tableau à l'avant scène) et les pénalités aux deux groupes qui s'affrontent. Seul le groupe vainqueur envoie ses membres en troisième partie de spectacle. Voilà pour le cadre.

Avec ces comédiens réactifs et visiblement heureux d'être là, heureux de jouer tout simplement, on passe un bon moment. Quelle scène vont-ils encore inventer? Eux-même ne le savent pas encore, et c'est jouissif de les voir prendre des risques, se lancer, commencer une scène sans savoir où elle va mener. Une pénalité tombe pour une impro déclarée ratée? Et alors?! La prochaine sera meilleure. Humour, mais aussi drame ou scènes de caractère, les comédiens improvisent avec tous les registres du théâtre, et ça aussi c'est génial! Mention spéciale -mais je suis probablement mal placée pour souligner l'idée- : ils intègrent aussi un travail d'improvisation scénographique, encore balbutiant mais très prometteur, pris en charge à l'heure actuelle par deux membres de l'association.

Un seul point qui, à mes yeux, a manqué d'un rien pour convaincre: l'aspect compétition sportive. Il suffirait d'un rien pour que cette troupe de comédiens talentueux nous emmène réellement sur le "ring" d'impro qu'elle veut atteindre avec Theatresport. Par exemple, je n'ai pas ressenti l'envie particulière de choisir mon camp lors des matchs (ni même lors de l'accueil par les deux équipes), et j'ai assez vite perdu de vue l'aspect affrontement. Un brin d'esprit de compétition plus marquée entre les deux équipes, un soupçon d'éléments de rappel sportif dans les accessoires (notation de points comme dans les gymnases, pourquoi pas?) ou encore une opposition du public en déterminant qu'un côté soutient telle équipe, le deuxième l'autre.

Mais en résumé: une bonne manière de découvrir l'improvisation!

Toute cette année 2013/2014, ils jouent un dimanche par mois au Théâtre de Ménilmontant, à 18h.
Prochaines dates: 17 novembre, 22 décembre, 16 février, 16 mars... Voir sur BilletRéduc.
Théâtre de Ménilmontant, 15, rue du Retrait, 75020 Paris. M°Gambetta.

 *PRECISION  IMPORTANTE: Theatresports™, Micetro Impro™, Gorilla Theatre™ et The Life Game™ ont été créés par Keith Johnstone, marques déposées et © copyright 1970-2013.