samedi 9 novembre 2013

Mon programme de Novembre

Novembre:


 The Old Woman, par Robert Wilson,  avec Willem Defoe et M. Baryschnikov
au Théâtre de la ville (Festival d'automne) jusqu'au 23 novembre


 Lecture on Nothing, avec Robert Wilson, d'après John Cage,
à l'auditorium du Louvre du 11 au 14 novembre.


 
Queue de Poissonne, de Laurie Cannac et Ilka Schönbein.
Au Grand Parquet, du 18 octobre au 3 novembre.



In a World full of Butterflies, de Robyn Orlin,
au Théâtre de la Bastille (Festival d'Automne)


 L'avare, de Ivo Van Hove,
à la MAC Créteil, le 7 et 9 + 14 et 16 novembre.


Todo El Cielo sobre (...), d'Angelica Liddell,
à l'Odéon (Festival d'Automne)




Suite n°1 "ABC", de Joris Lacoste. 
(création de l'Encyclopédie de la Parole).
du 19 au 23 Novembre.

Vive la crise, d'Alexandre Kellatos
Mardi-mercredi 21h30 jusqu'au 29 janvier 2014.

Critique. "Le Cabinet de curiosités" par la Cie KAMMA

Le Cabinet de Curiosités
Texte de Fabrice Melquiot,
 Dans une création de la Cie Kamma (Voir ici leur site)

 Mise en scène de Solène CORNU,
Avec Margherita BERTOLI, Fanny GARIN, Karine PEDURAND, Jonathan PUJOL.

"Une loge, quatre comédiens…mais pas assez de papier toilette!"
Pour une nouvelle fois qui devient finalement coutume, entre des textes sur des Kentridge, des Bobée, bientôt des Wilson et Régy, c'est la création d'une toute jeune compagnie sur laquelle j'ai cette fois envie de partager un regard tout aussi attentif . Ah! Les nouvelles générations, les jeunes compagnies, les artistes et techniciens pas-tous intermittents encore, comment aborder l'exercice de la critique quand on pourrait très bien être à leur place?
Eh bien je ne le sais pas encore, mais j'ai envie de tenter quand même, et de vous livrer aujourd'hui (avec retard, mille excuses!) un aperçu de ce que l'on peut découvrir du côté de ces jeunes spectacles, avec une des créations de la Cie KAMMA: Le Cabinet de curiosités, vu pour ma part au théâtre de Ménilmontant, à Paris, le 29 octobre dernier.

Le Pitch?
Nous voilà face à quatre comédiens dans leur loge, tordus par le trac à vingt minutes de monter en scène jouer Bérénice. Pour tenter de se débarrasser de ce stress tord-boyaux ou au moins l'oublier un instant, entre deux sprints vers les toilettes, ils s'échappent ensemble dans l'improvisation (fictive) d'un monde imaginaire et absurde où évolue H. l'anti-héros que s'invente régulièrement l'une des comédiennes quand elle va au cabinet (de toilettes)!

Nous sommes alors accueillis dans la salle par la présence des comédiens, jouant les comédiens qui se préparent à jouer Bérénice (ça va vous suivez?). Et bien vite, à partir du théâtre dans le théâtre de cette situation de départ, le texte et la mise en scène nous conduisent vers d'autres mises en abime et effets jouant avec délice des règles du théâtre. Car dans cette loge, les fictions et les réalités se télescopent et se succèdent: la loge devient une machine théâtrale où il suffit de dire, d'inventer, pour faire exister. H. le fameux personnage né du cabinet et du stress, "existe" donc devant nos yeux par les truchements de ses quatre auteurs-acteurs qui écrivent son histoire autant qu'ils lui donnent corps et réalité.  

Après avoir assisté à un spectacle de véritable improvisation dans la même salle quelques semaines plus tôt (cf. critique de Theatresports), voir un spectacle prétendant l'improvisation d'une troupe dans une fiction écrite (par Fabrice Melquiot) m'a beaucoup interpelée et intéressée.
Il m'a toutefois fallu d'abord m'habituer à l'écriture de Melquiot: autant la présence initiale des comédiens sur scène avant que ne soit véritablement lancée la fiction fonctionne bien et m'a fait entrer avec eux dans cette loge, autant le texte m'a remise à distance, ne parvenant pas à me faire qu'on est encore "avant la pièce", les comédiens devenant déjà "personnages" à part entière. Je m'attendais sûrement à une scène plus naturaliste, réaliste, comme j'ai pu justement en voir dans de vraies loges avant spectacle. Que je n'ai pas retrouvé d'emblée.
Mais, à l'entrée en jeu de H., la fiction bascule et nous embarque pour de bon. On entre dans une autre dimension, dans laquelle les quatre comédiens -personnages comme réels- nous proposent un certain nombres de morceaux de bravoure en matière d'interprétation. A eux quatre, armés de leurs talents et styles d'interprétation respectifs, cette fausse improvisation de l'histoire de H., absurde et savoureuse, prend vie sous nos yeux. On partage alors avec connivence leur plaisir de la jouer et de mettre à vue le mécanisme d'invention théâtrale de ce personnage et de son histoire au moyen d'outils de langage, de jeu et de seuls accessoires à disposition dans leur loge.

L'annonce régulière du compte à rebours avant leur entrée en scène pour Bérénice, par une voix depuis la salle, les rappelle eux à leur trac (et à l'appel des toilettes) et nous à la première couche de la fiction: la loge. L'histoire de H. rebondit alors, s'accélère, s'imbibe des angoisses des comédiens pour les en délivrer encore et encore (à chaque nouvelle annonce du temps qu'il reste avant Bérénice). Il retrouve son rôle d'éponge à trac. Progressivement, entre deux interprétations délurées de H., ou des personnages incroyables l'environnant, chaque comédien s'est costumé pour son rôle imminent et classique. Le rôle à venir, le rôle dans la pièce, le rôle dans l'impro. H. joue le personnage-relai entre le comédien sous trac et le personnage tragique qui l'attend.

Les bons interprètes et les différentes notions de fiction dans la mise en abime comprises par la mise en scène font de cette création de la jeune compagnie KAMMA un objet qui tient ses promesses et nous font passer un bon moment de théâtre.


Voir Le Cabinet de Curiosité:

Les 22 et 29 novembre et le 06 décembre. Plus d'informations ici. 
ABC Théâtre -  14 rue de Thionville-Métro Laumière/Ourq/Crimée - PARIS 19ème

Critique. "Theatresports" par Again ! Production, au Théâtre de Ménilmontant.

Théâtresports,
Selon Keith Johnstone.
 Par Again ! Productions,
Mise en scène Ian Parizot,
avec Emmanuel De Chavigny, Julie Esquenazi, Antoine Gaudin, Matthieu Laissy, Katia Leklou, Joris Morio, Cécile Sablou, Alexandre Visat, Meng Wang, Pauline Watine, Nikolas Wingerter, Maud Balde.

"La scène est leur ring, le théâtre est leur sport"

L'improvisation, ou l'art de rendre les ressources d'un spectacle inépuisables?

En effet, comment épuiser un spectacle dont la source et le canevas sont l'énergie, le talent et la créativité débordante de ses acteurs? Devant Theatresports, de Again ! Productions*, compagnie amateure d'improvisation, je suis tentée de répondre qu'on ne le peut pas. Précisions, et cela a son importance, que Again ! Productions est une association qui travaille selon une méthode d'improvisation bien précise: celle de Keith Johnstone (pour la découvrir, par ici).

Et le dimanche 13 octobre, j'assistais en parfaite novice du genre, de ses "règles" et de ses méthodes  à mon premier "spectacle" d'impro, curieuse de voir comment se construisait un spectacle qui n'est ni écrit, ni fixé avant d'être joué. Enfin, pas fixé, ce n'est pas complètement vrai (d'ailleurs, il y a bien un metteur en scène désigné sur le spectacle: Ian Parizot)...

Dès notre entrée dans la salle, l'accueil est pris en charge par deux groupes de trois comédiens, futurs combattants sur le "ring" de la scène, qui cherchent chacun à rallier des spectateurs à leur "cause". Ainsi ce 13 octobre, les "BHL" d'un côté et les "sauveurs de l'humanité" de l'autre sont respectivement en campagne auprès du public. Passée cette haie d'honneur, et à peine installé, un commentateur prend le relais et implique le public dans des minis-jeux nous incitant à se tourner brièvement vers nos voisins. Une bonne manière d'initier la future interaction du public avec le cours du spectacle. Puis démarre le spectacle qui s'articule autour de trois temps déterminés par des modalités de jeu distinctes: 1. Les coulisses de l'impro, 2. Le match (deux troupes de trois comédiens s'affrontent, les points sont compter, les coups bas pénalisés!) et 3. L'affrontement des metteurs en scène. Le tout a lieu devant, bien sûr, un public sollicité, invité à soutenir -ou pas- son groupe préféré ou les propositions successives des improvisateurs par ses applaudissements. La première partie, introductive, donne lieu à des exercices d'impro expliqués au public, puis vient le tant attendu match arbitré par deux (au moins) juges-improvisateurs que l'on adore huer, et qui attribuent les points (notés sur un tableau à l'avant scène) et les pénalités aux deux groupes qui s'affrontent. Seul le groupe vainqueur envoie ses membres en troisième partie de spectacle. Voilà pour le cadre.

Avec ces comédiens réactifs et visiblement heureux d'être là, heureux de jouer tout simplement, on passe un bon moment. Quelle scène vont-ils encore inventer? Eux-même ne le savent pas encore, et c'est jouissif de les voir prendre des risques, se lancer, commencer une scène sans savoir où elle va mener. Une pénalité tombe pour une impro déclarée ratée? Et alors?! La prochaine sera meilleure. Humour, mais aussi drame ou scènes de caractère, les comédiens improvisent avec tous les registres du théâtre, et ça aussi c'est génial! Mention spéciale -mais je suis probablement mal placée pour souligner l'idée- : ils intègrent aussi un travail d'improvisation scénographique, encore balbutiant mais très prometteur, pris en charge à l'heure actuelle par deux membres de l'association.

Un seul point qui, à mes yeux, a manqué d'un rien pour convaincre: l'aspect compétition sportive. Il suffirait d'un rien pour que cette troupe de comédiens talentueux nous emmène réellement sur le "ring" d'impro qu'elle veut atteindre avec Theatresport. Par exemple, je n'ai pas ressenti l'envie particulière de choisir mon camp lors des matchs (ni même lors de l'accueil par les deux équipes), et j'ai assez vite perdu de vue l'aspect affrontement. Un brin d'esprit de compétition plus marquée entre les deux équipes, un soupçon d'éléments de rappel sportif dans les accessoires (notation de points comme dans les gymnases, pourquoi pas?) ou encore une opposition du public en déterminant qu'un côté soutient telle équipe, le deuxième l'autre.

Mais en résumé: une bonne manière de découvrir l'improvisation!

Toute cette année 2013/2014, ils jouent un dimanche par mois au Théâtre de Ménilmontant, à 18h.
Prochaines dates: 17 novembre, 22 décembre, 16 février, 16 mars... Voir sur BilletRéduc.
Théâtre de Ménilmontant, 15, rue du Retrait, 75020 Paris. M°Gambetta.

 *PRECISION  IMPORTANTE: Theatresports™, Micetro Impro™, Gorilla Theatre™ et The Life Game™ ont été créés par Keith Johnstone, marques déposées et © copyright 1970-2013.

mardi 29 octobre 2013

Critique. "Aladin, le spectacle musical" par la Cie Et Voilà, au Point Virgule.






Aladin, le spectacle musical.

Par la Compagnie Et Voilà ! dans une version moderne et musicale !
De Clément Pouillot et Franck Duarte. Mise en scène de Clément Pouillot. Musiques d'Hervé Devolder Avec Sophie Baudin, Olivier Denizet, Nedjim Mahtallah et Karim Tougui.
(9, 16, 19, 21, 23, 25, 26, 28 et) 30 octobre, 1 et 2 novembre 2013
Au Point Virgule, Paris.
Critique écrite pour le site VuSurScène (à fréquenter pour échanger une critique contre deux invitations!)

A quelques jours de sa dernière Je me propose de revenir sur cet article pour y ajouter ce que le recul du souvenir apporte d'esprit critique ou au contraire d'étrange indulgence.


Du haut de ma vingtaine de printemps, sans enfant à y emmener, de la curiosité et une bienveillance sincères pour les productions jeune public en général m’ont pourtant poussée à tenter ma chance pour assister à une représentation d’Aladin, le spectacle musical. Eh bien sachez d’ors et déjà chers lecteurs-spectateurs, qu’en environ une heure de spectacle, l’ennui ne s’est pas pointé une seule fois.
 Et ce n’était pourtant pas gagné d’entrée de jeu. En nous glissant dans le petit –mais charmant, mais très petit quand même - Théâtre du Point-Virgule, un premier regard au décor juché sur la scène étriquée insinue quelques doutes sur le potentiel de la suite. Constitué entre autre de deux colonnes comme sorties d’un palais en toc, le dispositif peine au premier regard à restituer l’atmosphère de magie, d’orient et de grandeur à laquelle mon esprit associe l’histoire bien connue (merci Disney) du petit rusé du Souk d’Agraba, de la princesse Jasmine, du génie et du méchant Vizir. 
 Alors, oui, vous pourriez demander à l'amie qui m'accompagnait, franchement j'étais déconfite en entrant dans la salle. Déjà dans mon imaginaire, le théâtre du Point-Virgule a quand même une certaine allure, et là, nous voilà face à une scène minuscule et visiblement peu fournie en technique. Ensuite, l'affiche soignée, l'annonce d'un spectacle musical pour enfant, j'étais déjà dans l'ampleur des Cendrillon et autres spectacles programmés ces dernières années à Mogador. Donc oui, en allant nous installer, j'étais plutôt prête à aller de déceptions en déceptions et le décor pauvre en apparence m'a laissait de marbre durant toute la première scène.


Noir, musique et nous voilà nez à nez avec le Calife et le Vizir en pleines auditions d’artistes pour animer le mariage imminent de la princesse, qui n’est pas encore au courant. L’histoire s’installe rapidement et efficacement et le public, adultes (en nombre!) et enfants, entre comme moi dans le rythme bien mené de l’histoire et ses pauses musicales. Bien vite, le premier ressenti face au décor inhabité s’oublie (pas touuuut de suite non plus, faut pas abuser) pour en apprécier les transformations nécessaires mais non moins astucieuses qui ne mènent du palais au souk et de la grotte aux merveilles au palais. Les rires fusent régulièrement, provoqués par les nombreux ressorts comiques ajoutés par la mise en scène et le texte. Mentions spéciales à l’exploitation totale de l’espace compliqué de ce théâtre, aux changements de décor bien intégrés à l’intrigue et aux traits d’humour destinés aux adultes qui leur feront passer un aussi bon moment qu’aux enfants.
En parlant de rires et de public adulte comblé, quelle surprise d'entrer dans la salle d'un spectacle pour enfants à moitié remplie d'adultes sans enfants. Ni bonne ni mauvaise à priori, la surprise. Sauf quand les-dits adultes ne cessent d'être les plus bruyants et indisciplinés de l'auditoire. Difficile de manquer l'info selon laquelle ils sont invités par leurs amis sur scène. Difficile de défaire le souvenir du spectacle de leur présence. En mal mais aussi en bien: leurs rires et leur entrain ont probablement souvent encouragés les miens, je serais donc très tentée de me demander ce qu'il en aurait été si nous avions été à un autre jour que la première... Enfin, parenthèse close.



Alors si après ça quelques langues fourchent de temps à autres, ou si certaines scènes ont pu montrer quelques petites faiblesses de jeu à mes yeux (et que je mettrais volontiers sur le compte d’un besoin de rodage, c’était quand même là leur Première au Point-virgule), je passe outre car l’énergie et le plaisir de jouer de la troupe Et Voilà ! restent communicatifs.
De bonnes choses dans ce spectacle car j'en garde en définitive un bon souvenir, au gré des sourires de connivence, de la réussite d'un certain nombre de scènes et de vrais fou-rires. Mais il y a aussi des faiblesses qui pourraient s'avérer gênantes pour définir ce spectacle comme étant de qualité sur un plan artistique, si ces faiblesses étaient ancrées dans le temps (j'ai toujours en tête le fait qu'il s'agissait de leur première, avec les aléas du trac et des ratés que cela comporte). Par exemple, la présence et la qualité d'interprétation assez hétérogène entre les membres de la troupe ce jour-là étaient assez palpable. C'était souvent le même qui fourchait (et cassait donc le rythme et tout simplement la fluidité de la scène), et d'autre part, point que je n'ai absolument pas soulevé dans ma précédente critique, j'ai trouvé que la sonorisation, les musiques (bandes sons) et leur interprétation manquaient un poil d'ampleur et/ou de soin en elles-mêmes. Elles ponctuent bien le spectacle, y trouvent pertinemment leur place (dans la narration) mais elles pourraient être plus "jolies" à l'oreille (peut-être une question de matériels d'une part, mais aussi dans leur composition musicale même), contenir une instrumentation plus dense ou au moins renvoyer davantage à un univers particulier serait une idée par exemple. Je me souviens encore de deux d'entre leurs musiques, mais je serais bien incapable de les définir esthétiquement. Bref, l'aspect musical de la pièce ne m'a pas accroché plus que ça et je pense que c'est quelque chose qui serait améliorable assez facilement s'ils se penchaient dessus.


Voilà, quoiqu'il en soit, si cet avis vous a donné envie de vous faire le votre, vous avez encore quelques petits jours de vacances pour y emmener vos bambins (ou vous seuls)!

samedi 7 septembre 2013

Mon programme d'Octobre

Par manque de temps à l'heure actuelle, la saison théâtrale démarrera avec un peu de retard pour moi, m'empêchant probablement d'assister à certaines pièces qui me faisaient de l’œil - voir les spectacle repérés en septembre -  . Soit. Voici tout de même les pièces et/ou événements que je verrai prochainement, et qui feront donc l'objet d'un article (d'une présentation) ou d'une critique ici.


21 et 22 septembre, à la 16ème édition du Festival Les arts dans la rue, à Châtillon (92).

Octobre:
Aladin - le spectacle musical, mis en scène par Clément Pouillot, au Point Virgule (critique qui paraitra sur Vu sur scène).

Visuel du festival d'Automne en Normandie

Perturbation, par Krystian Lupa, au théâtre de la colline (dans le cadre du Festival d'automne)



La Barque le soir, par Claude Régy, au 104 (dans le cadre du Festival d'automne)



Theatresports, par Again ! Production,
au Théâtre de Ménilmontant (une fois par mois)



 
Le Cabinet de Curiosités, par la Cie Kamma,
au Théâtre de Ménilmontant (puis à l'ABC théâtre en novembre/décembre) 

samedi 31 août 2013

Boîte à out's #1 : W.Kentridge.

Dans le cadre de mes études, je me suis plu à découvrir les méthodes de travail de la recherche universitaire sur le théâtre. Interview, textes, essais, articles universitaires ou encore journées d'études/colloques etc... me semblent donc des outils complémentaires à la pratique comme à l'analyse de spectateurs. 

Je pense donc partager, au fil des spectacles vus ou d'autres opportunités de me focaliser sur certaines questions ou thématiques, certaines suggestions de lectures ou certaines documentations découvertes.



J'inaugure donc cette section avec un exemple en écho à mon tout premier article sur le spectacle Refuse The Hour. Voici quelques pistes bibliographiques autour de l'artiste William Kentridge

Hum. Oui, William Kentridge (plasticien, metteur en scène, vidéaste...) et son œuvre furent et restent au cœur de mon travail de recherche et d'analyse ces dernières années, d'où ce choix d'exemple. Mais ce n'est pas bien grave, si?

- Un nouveau visage du Nez imaginé par William Kentridge, est un dossier de recherche de mon cru, et le plus beau, c'est qu'il est en ligne, entièrement disponible sur le site du groupe de travail "Processus de création", co-dirigé par Josette Féral et Sophie Proust.

- Disponible aussi mais uniquement sur déplacement à la bibliothèque Gaston Baty à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle (site Censier, consultation sur place uniquement), vous pouvez trouver mon mémoire : William Kentridge et la migration de la pensée. La Flûte enchantée, Le Nez et Refuse The Hour, mémoire de recherche sous la direction de Frédéric Maurin. 

- "Autour de Refuse The Hour, Kentridge et ses espaces-temps de création", est un article traduit en portugais et publié par la Revista Brasileira de Estudos da Presença (Revue Brésilienne d’Études de la Présence) de l'université de Rio. Références bibliographies à venir, quoiqu'il en soit, j'en ai la version française, disponible sur demande motivée.

Voilà pour l'auto-publicité, passons aux ouvrages et reportages que j'ai adoré parcourir/voir pour en apprendre plus sur lui.
(sélection réduite, la liste serait trop longue sinon)

OUVRAGES GENERALISTES.

BENEZRA Neal, BORIS Staci, CAMERON Dan, et al., William Kentridge [catalogue],
Chicago, Museum of contemporary Art of Chicago, New Museum of contemporary
Art of New-York, and Harry N. Abrams edition, 2001.

CAMERON Dan, CHRISTOV-BAKARGIEV Carolyn, COETZEE J.M, William Kentridge,
London, Phaidon press, Contemporary Artists series, 1999.

CHRISTOV-BAKARGIEV Carolyn, William Kentridge [catalogue], Bruxelles, Palais des
Beaux-arts, 1998.

HECKER Judith B. William Kentridge, Trace (Prints from the Museum of modern art), The
museum of modern art, New-York, 2010.

ROSENTHAL Mark (edit.), William Kentridge. Cinq thèmes [catalogue de l’exposition au
musée du jeu de paume du 29 juin au 5 septembre 2010], Paris, 5 continents, 2010.
William Kentridge, 5 Thèmes. [exposition] Mark Rosenthal (commissaire de l’exposition),
San Francisco Museum of Modern Art et Norton museum of art (organisateurs), 2009,
présentée du 29 octobre 2010 au 30 janvier 2011, musée Albertina, Vienne, Autriche.


EN LIEN AVEC SON SPECTACLE LA FLUTE ENCHANTEE (créé en 2005, Bruxelles).

LAW-VILJOEN Bronwyn (edit.), William Kentridge Flute, Parkwood (Afrique du Sud),
David Krut publishing, 2007.

DAVID (formalhaut.over-blog.org), « La Flûte enchantée (JC.Spinosi- W.Kentridge) ChampsElysées », publié le 25/12/11.

«William Kentridge: Black Box / Chambre Noire », Dossier de presse en ligne de l’expositionde « Black Box/Chambre noire » au Deutsche Guggenheim (exposition du 29/10/2005
au 15/01/2006).


EN LIEN AVEC SON SPECTACLE LE NEZ (
créé à New York, mars 2010).

KENTRIDGE William, « I Am Not Me The Horse Is Not Mine », installation composée de
huit films, edition video de Catherine Meyburgh, musique de Philip Miller, courtesy
de l’artiste, Galerie Marian Goodman, Paris/New York, 2008.

KENTRIDGE William, Revenir, film issu de la série de films Respirer/ Dissoudre/ Revenir,
édition vidéo de Catherine Meyburgh, musique de Philip Miller, 2008.
129

Telegrams from the nose, texte de Daniil Harms et minutes du procès de Nikolaï
Boukharine, mise en scène et dessins pour projection de William Kentridge,
composition et performance de François Sarhan, compagnie Ictus, créé en 2008,
reprise à Paris au Musée du Louvre, octobre 2010.

KENTRIDGE William, Everyone/ their own/ projector, Valence, éditions Capture,
2008.

KENTRIDGE William à Eleanor Heartney « Les Lumières, l’art et l’histoire », in Art
press, n°369, 2010.

McDONALD John, William Kentridge : Telegrams from the nose : films, sculpture,
drawings, tapestry, etchings. Sydney, Annandale Galeries, 2008.
Internet:

ATLAS Charles (réal.), SOLLINS Suzan (réal.), Collaboration (vidéo), Art: 21, 2010,3min31.

ATLAS Charles (réal.), SOLLINS Suzan (réal.), William Kentridge : anything is possible(vidéo), Art: 21, 2010, 53min12.

KENTRIDGE William à Anthony Haden-Guest, « the Maestro : a conversation withWilliam Kentridge ».

MUSEE DU JEU DE PAUME, William Kentridge : cinq thèmes (vidéo en ligne),
interviewé et traduit par Peter Burchett, réalisation par Philippe Lecrosnier.

TOMMASINI Anthony, « A Nose on the loose ».

William Kentridge, François Sarhan : Telegrams From The Nose.


EN LIEN AVEC LA NEGATION DU TEMPS/REFUSE THE HOUR


GALISON Peter, L’Empire du temps, les horloges d’Einstein et les cartes de Poincaré,
trad. Bella Arman, ed. Robert Laffont, Paris, 2005.

GALISON Peter, KENTRIDGE William, The Refusal of Time, NoteBook n°009, Documenta
(13), Kassel, HatjeCantz 2012.


Bonnes lectures, bons visionnages!

A l'affiche ! {septembre - décembre 2013}

L'actualité culturelle regorge de mille et une propositions à la fois, difficile de toutes les saisir mais voici celles que j'ai l'intention d'aller voir ou que j'aurais aimé aller voir et n'en aurai pas le temps ou la possibilité, celles qui me semblent intéressantes dans leur genre, les insolites, les jeunes pousses, les nouvelles créations de grands maestros, ... bref! Voici en somme un tour d'horizon(s) des spectacles, expos, festivals à voir, sûrement incomplet mais de toute façon complètement pas objectif!.

Saison 2013/2014  (Acte I)

Alors que certains voient venir septembre avec ses gros sabots déprimants de rentrée scolaire, d'autres comme moi retiennent difficilement leur impatience à se replonger dans une nouvelle et fraiche saison théâtrale. Eh oui, si ce n'est pas déjà fait, il est temps de penser à ses premières réservations auprès des théâtres (qui plus est les nationaux/publics/ bref, les subventionnés). Et vu les pièces grandioses repérées, prendre un peu d'avance sera probablement souhaitable si vous voulez y avoir une place.

Je pense notamment et en premier lieu à la présence tant attendue de plusieurs œuvres de Robert Wilson -sous forme théâtrale mais aussi au Louvre dès Novembre- dans le Festival d'Automne, ou aux multiples de Pommerat à l'Odéon.

Mais je vais garder un peu d'ordre dans mes suggestions de spectacles (toutes déjà crayonnées sur mon agenda, attendant d'y être inscrite au bic) , en y venant de manière chronologique.

  • Alors, que pourrait-on aller voir dès Septembre

> Pommerat est à l'honneur à l'Odéon et y prend ses aises dès le 14 septembre avec Au Monde ! du 14 septembre au 19 octobre)
> Puis ce seront ses Marchands, Odéon toujours mais du 18 septembre au 19 octobre.

> Redécouvrez aussi Macbeth, par Laurent Pelly, au théâtre Nanterre-Amandiers du 13 septembre au 13 octobre.

> Incontournable session de rattrapage pour ceux qui l'auraient manqué ici et là l'an dernier, Swan Lake, de Dada Masilo est repris au Théatre du Rond Point du 10 septembre au 6 octobre. A ne pas manquer!

> Idem pour La Trilogie de la villégiature de Goldoni, mis en scène par Alain Françon, grand succès de la comédie française. Première à avoir inaugurée le théâtre éphémère en janvier 2012, elle y retourne en cette rentrée 2013: du 16 au 30 septembre.

> Pour un petit tour par l'opéra, L'affaire Makropoulo de Leos Janacek est à entendre et à voir dans une mise en scène de Krzisztof Warlikowski, à l'opéra Bastille. Du 16 septembre au 2 octobre!

> Au Palais Garnier, du 12 septembre au 7 octobre, Olivier Py s'empare d'Alceste, de Gluck. Pourquoi pas!

  • Octobre
> Pommerat toujours, mais aux Bouffes du Nord cette fois, avec La grande et fabuleuse Histoire du commerce, Joël Pommerat, du 9 octobre au 15 novembre. J'irais même uniquement pour observer la rencontre hautement pertinente de ce travail de jeu, de lumière et de corps qu'est le théâtre de Pommerat avec ce lieu si sensiblement associé à l'espace vide de Peter Brook!

> Après l'avoir découvert avec sa Salle d'attente, je retournerais bien au même endroit, le Théâtre de la colline pour voir la nouvelle création de Krystian Lupa, Perturbation, du 27/09 au 25 octobre, au Théâtre de la colline.
> La Double mort de l'horloger, de André Engel sera à Chaillot du 17/10 au 09/11.

  • Novembre

> The Old Woman, de Robert Wilson, du 6 au 23 novembre au Théâtre de la ville (Festival d'automne)
> Todo el cielo (...), de Angelica Liddell, du 20 novembre au 1er décembre à l'Odéon.
> Orlando m.e-s. de Guy Cassiers, du 5 au 10 novembre au Théâtre de la Bastille
> Même lieu,  In a World full of Butterflies, de Robyn Orlin du 21 novembre au 1er décembre (fest. d'automne)
> L'Avare, m.e-s. par Ivo Van Hove sera à la Mac de Créteil du 7 au 16.

  • Décembre
> Peter Pan, par Robert Wilson, au Théâtre de la ville (Fest. Automne) du 12 au 20 décembre.
(D'ailleurs je cherche vainement des places, à votre bon coeur, M'sieur, Dames si empêchement de dernière minute!)
 
> Une Flûte enchantée de Peter Brook sera en banlieue sud à Juvisy-sur-orge (Théâtre Jean Lurçat), avis aux banlieusards comme moi ou aux Parisiens peu frileux.

Sinon en vrac, vous pouvez aussi aller jeter un oeil ou deux du côté des pièces du TG Stan ou de Gisèle Vienne (théâtre de la bastille), de Teresa de Keersmaecker, Trisha Brown, Jérôme Bel, Gwenaël Morin, Christoph Marthaler ou Claude Régy (Festival d'automne)...


Liste susceptible d'augmenter à tout moment!

N'hésitez pas à m'indiquer vos suggestions de propositions scéniques à découvrir !

mercredi 26 juin 2013

Dossier. Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue, David Bobée (analyse espace)


Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue,
Mise en scène de David Bobée,
Texte de Ronan Chéneau,
Chorégraphie de DelaVallet Bidiefono.

La création de ce spectacle est antérieure, mais c'est au théâtre de Brétigny-sur-orge dans l'Essonne que j'ai pu le découvrir en mai 2009. J'ai choisi de me focaliser sur l'espace scénographique que David Bobée a imaginé pour sa mise en scène.


Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue

Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue naît de la rencontre entre le texte de Ronan Chéneau (collaborateur régulier de Rictus), les comédiens et danseurs de Rictus, la mise en scène et  la scénographie de David Bobée et la compagnie congolaise de danse du chorégraphe DeLaVallet Bidiefono. La réunion de ces deux compagnies, l’une française l’autre congolaise, appuie les questionnements du spectacle : qu’est-ce qu’être africain voire d’origine africaine en France, aujourd’hui ? De la violence dans les banlieues, aux expulsions en charter, en passant par le questionnement sur l’identité nationale, Nos enfants […] s’engage politiquement et socialement sur ces sujets d’actualité brûlants. 

 L’auteur du texte, Ronan Chéneau fait son entrée, seul, discrètement, le plus à la face-cour possible. On m’a demandé d’écrire un texte sur l’Afrique, mais l’Afrique je n’y étais jamais allé alors j’ai décidé d’écrire sur ce qu’il y a de visible et d’invisible de l’Afrique en France, nous dit-il un micro à la main à quelques mots près. 

Ronan Chéneau, sur scène. Croquis F.Le Borgne.


Ce prologue entre la confession et le témoignage de l’auteur à son public introduit le ton le spectacle : engagé (« je »), politique (micro à la main, discours militant) donc polémique.
Pour servir ce propos, un forme scénique à l’impact visuel fort. 


 

Un espace impersonnel et froid. Son gris métal, sa vitre grillagée et ses néons suspendus rappellent un hall de transit. Aéroportuaire?

C'est un espace intérieur mais public. Un lieu de croisement, de rencontre ou de non-rencontre. d'indifférence ou de peur.

Scénographie/ Un lieu de croisement et de mixité.

D'emblée, les ballets des déplacements des comédiens et danseurs habitent cet espace. C'est un lieu de transit, on ne fait qu'y passer, il n'appelle pas à rester.

 

C'est donc avant-tout un lieu où on croise cet "autre" que soi, l'étranger, et avec lui les aprioris qui l'accompagnent et la peur irrationnelle.

D'une certaine manière, la notion de mixité sociale trouve écho dans la mixité des arts des interprètes.
Comédien, circassien et danseurs.
 
  Des différences de rythmes, de sons et de mouvements se rencontrent et tantôt s'accordent en un seul tempo, tantôt s'affrontent et créent la tension.


Scénographie/ Un lieu acteur.

Volets ouverts (cf. première image),

Du passage, la fuite est possible et permet les évitements, l'indifférence à l'autre.

Volets actionnés à vue,
Comme une respiration, ou au contraire la retenue d'un souffle. Lorsque les volets font le mouvement de se fermer, le sentiment de claustration naît.

Volets fermés,
La montée de la peur et de la violence s'exacerbe.
L'image de l'enfermement ici croisé au thème du spectacle fait penser sans doute possible à la ghettoïsation des quartiers.



 
Conclusion

Dans Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue, la scénographie remplit plusieurs fonctions, participant à la réception du message et lui donnant sa force visuelle, elle est aussi beaucoup plus qu'une apparence pour habiller le texte.

Mêlé à la pluridisciplinarité des artistes, cet espace peut se voir comme un lieu du croisement, un lieu public et traversé, à l'image du transit dans un aéroport. De cette diversité naît un lieu où résonnent des rythmes tantôt polyphoniques, tantôt à l'unisson. Comme le message qu'ils délivrent. à la fois porté par autant de voix que d’interprètes mais délivrant un même cri de de réaction face aux questions politiques et sociales que le texte soulève. Ce sont des questions polémiques, qui créent le malaise, et cet espace froid et métallique y fait écho.
Plus la pièce progresse, plus le décor parle. Il a une fonction narrative et émotive, il nous promène d'anecdotes en anecdotes par jeu de lumière, de vidéo et de tapis roulant. Le mur lumineux créant un contre-jour et le tapis roulant à ses pieds nous raconte avec ironie la ressemblance entre les fuites de sans-papiers et une partie de jeux vidéos thème "plateforme d'obstacles", et la vidéo nous parle de la difficulté de continuer à aimer quand la politique d'immigration s'en mêle.
Enfin le décor est acteur à part entière, ses volets s'expriment aussi bien qu'un artiste qui dirait "nous sommes dans une impasse". Avec l'aide de la chorégraphie, très vite lorsque les volets latéraux sont clos, la tension monte, comme dans un huis-clos. Mais ce n'est pour autant que lorsqu'ils sont ouverts une respiration s'empare de la pièce. Cela marque simplement la reprise du ballet de déplacement, traversée et de croisement.

Finalement, tour à tour écho des thèmes que le spectacle aborde, élément narratif, objet de tension et acteur, la scénographie s'engage dans les questionnements du spectacle que sont "l'identité nationale, la politique d'immigration, l'intégration, et la peur...